Les relations sino-africaines
Ce dossier cartographique a été réalisé en collaboration avec Xavier Aurégan, doctor de l’Institut Français de Géopolitique , spécialiste des relations sino-africaines.
Perçue comme récente, la relation entre la Chine et le continent africain a pourtant débuté dès les années 1950 avec la Conférence de Bandung, l’Égypte étant le premier État africain à reconnaitre Pékin en 1956. La Guerre froide s’étant également jouée en Afrique, la Chine y a soutenu un certain nombre de Mouvements de libération nationale (MNL) et y a développé des coopérations militaires.
Ambivalences diplomatiques
En 1971, la Chine obtient son siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations unies (CSNU) aux dépens de Taïwan, grâce notamment à certains pays africains. D’autres, sous influence étasunienne, française et indirectement taïwanaise, ont refusé l’entrée des « communistes chinois » à l’ONU. Ces derniers ont également joué le double jeu chinois, en reconnaissant alternativement Pékin et Taipeh. Jouant sur la « politique du chéquier » de Taïwan, la Gambie, le Niger, le Tchad, la RDC, le Liberia ou la République centrafricaine sont même devenus des spécialistes de ce positionnement peu tenable sur le long terme. Aujourd’hui, seuls le Burkina Faso et le Swaziland reconnaissent encore la « 23ème province chinoise », Taïwan.
La présence chinoise en Afrique
Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique diffèrent relativement peu de ceux des puissances historiques : ils sont géographiquement limités aux principales économies exportatrices de matières premières notamment. Trois différences peuvent néanmoins être mises en exergue. Dans la structure du commerce d’une part, les anciennes puissances coloniales ont davantage diversifié leurs importations contrairement aux États-Unis et à la Chine qui importent 67 % du pétrole africain et 57% du bois ou des minerais. D’autre part, en termes de volumes, la Chine est devenue le principal partenaire commercial du continent en 2009. Enfin, le commerce est, d’une manière substantielle, le fait d’acteurs publics chinois.
L’agriculture : un secteur clé
Avec le soutien militaire et la santé, l’agriculture est la porte d’entrée historique de la Chine en Afrique. Historiquement modeste, l’aide agricole chinoise a été priorisée par le Congrès national du peuple (CNP) à partir du troisième Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) de 2006. Le rehaussement des moyens octroyés par la Chine se caractérise par les centres de démonstration agricoles chinois. Versions modernes des fermes traditionnelles d’État chinoises, ces centres ont pour objectifs l’expérimentation agricole et la diffusion des techniques inhérentes. Décriée par les Occidentaux, la Chine teste ici un développement inclusif reposant sur les besoins locaux, les productions agricoles n’ayant pas vocation à être vendues sur le marché international.